Philippes Emmanuel de Loraine Duc de Mercueur et de Penthievre, pair de France, prince du St Empire et de Martigue, gouverneur de Brataigne. Aux procureur et bourgeois de la ville de St Malo ; salut.
D’autant que le grand nombre de garnisons n’apporte que foule et oppression au peuple et que desirons le soulaiger autant qu’il nous est possible, nous avons trouvé assez requis et à propos de demanteler et ruyner les fortifications de la meilleure partye des places dont les ennemys se pourraoient prevaloir s’ilz s’en emparoyent et lesquelles ne peuvent que peu servir a notre sainte cause. Et congnaissant entrefois que le château du Plessis Bertran voysin de votre ville y importerait beaucoup si les dits ennemys s’en randoyent maitres comme ils avoient mesmes n’agueres fait si l’on n’eust usé de grande diligence à la reprinse de la dite place Nous avons decreté estre plus utile de la fairte demolir que d’y entretenir une garnison. Attendu mesmement qu’elle est proche dudit St Malo, de cette ville de Dinan, de Dol, Chateauneuf et autres lieus tenant le party de la dite sainte religyon. A ces causes vous mandons et donnons pouvoir en l’absence d’un roi recongneu catholicque de faire abatte toutes et chacune les fortresses qui peuvent estre audit château du Plessis Bertran et de mettre la dite place en tel estat qu’elle ne puisse servir de retraicte à personne pour y faire la guerre en quelque facon que ce soit. Et pour l’acceleration de la dite demolition, vous contraindrez ou ferez contraindre par toutes voyes et rigueurs les habitans des paroisses circonvoysines d’y aller travailler chacun jour jusques et durant quel temps que trouverez estre requis. De ce faire vous donnons pouvoir et commission. Mandant au Capitaine La Fontayne ou son lieutenant commandant en notre absance en la dite place ou au dit qui sont ap…( ?) de par nous devous y laisser en… ou autres que y envoyerez pour la dite demolition. Donné au camp à Dinan
Le III jour de septembre MDXCI
Ph Emmanuel de Lorraine. Par Monseigneur Galnuere.
(ADIV, 62J2)
à consulter : Magon de la Giclais, "Le Plessis-Bertrand",
Annales de la Société d'Histoire et d'Archéologie de St Malo,
numérisée, site de la B.N.F..
L’ordre ne sera finalement pas exécuté. La forteresse restera encore debout 7 ans.
Elle fut définitivement démantelée par les Malouins en 1598, au cours des guerres de religion, de même que le Château-Richeux, autre point clé du territoire.
Déjà, en 1591, le duc de Mercoeur avait ordonné sa destruction.
La forteresse était constituée de 9 tours reliées par un chemin de ronde.
La plus grande de celles-ci mesurait 8m de diamètre. De larges douves entouraient l'ensemble.
Succédant à celui d'abord tenu sur un rocher à la limite de Cancale et de St Coulomb,il est probable qu'à l'origine, ce lieu "fortifié" n'était qu'entouré de haies vives ou « plesses », d’où le nom de Plessis qui lui fut donné.
On trouve d'ailleurs en France quantité de lieux-dits commençant ainsi pour la même raison.
Quant à savoir s'il faut l'écrire avec un "s" ou un "x" final, c'est bien là le genre de querelle d'un intérêt … très mesuré !