« La Caravane de Pâques » prend comme base historique les faits de 1916 .
Le roman ne reçut pas un accueil enthousiaste à Cancale, peut-être à cause de cette intrigue romanesque que l’on jugeait scandaleuse : la fille « tourne mal », elle monte à Paris !
Et puis aussi, même trente ans après, l'épisode engendrait certainement encore un certain malaise nourri de culpabilité diffuse : pensez donc, oser sortir en mer pour aller travailler le jour le plus saint de l'année !
Mais il n’en demeure pas moins admirablement décrit ce Goulec, cette « pouchée », qui, en Caravane ou dans un coup dur, semble soudain se réveiller et mène sa bisquine avec une telle science. Tout autant que « la Yande » qui, lasse de gueuler, finit par s’enfermer dans son chagrin, dans ses chagrins.
Quel hymne à la gloire de deux "Cancalais bien ordinaires" que ce livre !
Et la documentation dont on dispose aujourd’hui vérifie le sérieux de l’enquête menée par l’auteur sur le sujet :
A part l’anachronisme du monument des Crolles érigé vers 1930, le nom de "Goulec" que l'on cherchera en vain dans les registres, et le fait que Cancale avait un « curé » et non un recteur depuis le 19e siècle, tout est presque plus vrai que nature dans ce roman : déroulement du départ en caravane, pêche sur les huîtrières, rôle du garde-juré, « élection » des huîtres dans le port, travail dans les parcs, fête foraine, culte des morts, description de la chapelle du Verger, reposoirs du 15 août … Même le nom de deux fameuses bisquines des GIRARD : le « Vlan » et le « Forban », et celui du « Cormoran» la patache de la Douane, ne sont pas "inventés" !
Est-il possible de mieux restituer l’atmosphère de la Houle au début du 20ème siècle ?
Merci, "Monsieur" Vercel !