Les clichés des pages concernées.proviennent des Archives d’I et V en ligne, St Méloir, 1540-1630, Sépultures, Commune
Le sabmedy 28e du dit moys de febvrier au dit an 1598, l’armée du dit Sr de Brissac a party de ce quartier apres avoir mis hors ceux du dit Plessis B(ert)ran, sinon 50 ou 60 soldats que le dit Sr de Brissac a laissé des siens au dit Plessis jusques a ce qu’il ne fust demoli et abatu.
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No(t)a Le Plexis B(ert)ran
Le mercredy 25e jour du dit moys de febvrier au dit an 1598, par cappitulation, ceux du (château ??) du Plexis B(ert)ran se rendirent au dit s. mareschal de Brissac avec (leurs dits fusis ?)
Samedi 28 février 1598, Brissac quitte le Plessis-Bertrand,
n'y laissant qu’une cinquantaine de soldats pour en terminer la démolition.
Mercredi 25 février 1598, reddition des défenseurs du Plessis-Bertrand avec leur armement
Messieurs qui aurez aff(aire?) de ce libvre, vous ne trouverez estrange et ne vous estonnez , s’y que l’on a pa trouvez les noms des deffuncts inserez dont la date n’est suivy l’un après l’aultre et par ordre. C’est par ce que durant les derniers troubles ce dit livre et mesme le livre baptismal estaient en la ville de St Malo de peur ?) d’estre perduz là où Dom Jean Hervy les avait portés en conserva(ti)on. Et que durant le dit temps des troubles presque la plus part des pbres ( = prêtres) de cette paroisse s’en estaient retirez, par la crainte des gentz de guerre qui les tourmentaient et prenaient ( ?) a ranson. Et les aultres quy y faisaient quelque residence a peine pouvoient ils aller de la maison a l’eglise sans faire rencontre de soldats qui les fouillaient et cherchaient s’ils avoyent de l’argent, le dit estoit osté par les susdits soldats et et s’efforceoient mesme de le voulloir estre le (d rober ?) et par plusieurs foys ont entré en l’eglise, rompu les coffres et armoires, rompu et dechiré les pappiers et memoires que chacun prestre avoit escript car chacun se trouvait aux fonctions tant des baptesmes que enterementz tellement que tout estant ainsy presque perdu et esgaré, l’on a esté contrainct ainsy les inserez comme l’on les a peu recouvrer des mains … du quart la ou les dits memoires estoyent tombez. Et ne se fault aussi estonner si par cy apres vous trouvez encore des noms des deffuncts enregistrés dans ce dit livre depuis l’an 1590 jusqu’à l’an present parce que nous les y meptons ainsi que les memori se presentent à nous et à mesure que nous les pouvons recouvrir.
Tout cela explique le désordre chronologique des registres pour toute la période car, s’il est vrai que ces registres avaient été portés par précaution en la ville de St Malo, les gens de guerre rançonnaient les prêtres restés dans la paroisse et détruisaient leurs notes lorsqu’ils les trouvaient. Lorsque par la suite on a récupéré les registres, les notes étant détruites, on n’a pu inscrire les différents actes qu’au fur et à mesure qu’ils revenaient en mémoire aux officiants.
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No(t)a
Que presque toute la semaine les pbres ( = prêtres) n’ont osé aller à l’eglise pour les causes predictes, et aussi qu’on ne pouvait trouver pain et vin, chandelle ni ornement pour dire la messe estant ainsy au depourveu de ces choses par les dits soldats du baron de St Jame poictevin et presque tous ses soldats huguenots qui étaient logés dans ce bourg en nombre d’environ 1000 a douze cents pour nous garder de mal en ce bourgcq
C’est aussi par crainte des soldats que, de toute la semaine, les prêtres n’ont osé se rendre à l’église et célébrer les offices car près de 1200 soldats huguenots commandés par le baron de Saint-James occupent le bourg de Saint-Méloir.
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No(t)a
Ce jour de sabmedy 14e jour de febvrier au dit an 1598
L’armée de Mons()r le mareschal de Brissac, pour le service du Roy de France Henry 4eme du nom dans lequel Plessis Bertrand commendait pour l’ors le Sr de Guillecher et plusieurs aultres capitaines du regiment du Sr de Tremesreuc, tenant le party de la ligue contre le roy.
Lequel siege fut cause de la totalle ruyne de ce pays et clos de Pouslet. Et durant lequel siege tout le monde de ce bourg fut contrainct d’abandonner ses maisons propter metum militum (= par crainte des soldats), qui vexeoient et tourmentoient le peuple.
Revenons au récit que l’on trouve morcelé et inséré sur deux pages entre des actes de sépultures.
Seul le nota, abrégé « no(t)a », le signale ; il ne comporte ni préambule ni signature, mais est clairement daté du
samedi 14 février 1598.
Les belligérants sont énumérés : commandant les forces royales, le maréchal de Brissac qui assiège le Plessis-Bertrand tenu par le Sieur de Guillecher et d’autres capitaines du régiment de Tremereuc pour la Ligue. Ce siège a entraîné la « totale ruine du Clos Poulet » et les troupes ont tellement « vexé » et « tourmenté » les habitants du bourg qu’ils ont été contraints de fuir et abandonner leurs maisons
Remontons le temps jusqu’aux années terribles des guerres de religion et leur cortège de massacres.
Le Clos-Poulet subit les ravages des troupes des deux camps depuis des années. Après l’épisode de la « république malouine » (1590-1593), les Malouins ont finalement pris le parti du Roi contre la Ligue et le duc de Mercoeur. Au mois d’août 1597, les « Royaux » se rendent maîtres de Saint-Suliac dont l’église avait été transformée en forteresse et vont maintenant s’attaquer au Plessis-Bertrand tenu lui aussi par les Ligueurs.
Mais le « nota » sur cet événement, c’est dans le registre des décès de Saint-Méloir que nous l’avons déniché et non dans celui de Saint-Coulomb…
Le texte, écrit dans une langue à l’orthographe parfois différente de la nôtre et un vocabulaire « daté », est de plus émaillé d’un certain nombre d’abréviations. Si bien qu' il nous a semblé utile d’en faire, morceau par morceau, un petit résumé avant d’en présenter la transcription dans son intégralité
Les clichés des pages concernées.proviennent des Archives d’I et V en ligne, St Méloir, 1540-1630, Sépultures, Commune
Il arrive que dans les registres paroissiaux on trouve des mentions qualifiées de « nota ».
C’est souvent un fait-divers : découverte d’un enfant trouvé à la porte de l’église, d’un cadavre au coin d’un champ ou sur le rivage, mais ce peut être aussi la mention d’un fait historique.
C’est à cette catégorie des « notas historiques » qu’appartient le suivant.
Troubles de la Ligue et destruction du Plessis-Bertrand
Un "nota" dans les registres de St-Méloir
(1598)